Nusa Dua, 29 avril - 4 mai 2007
Débat général consacré à la situation politique, économique et sociale dans le monde
Le réchauffement planétaire: dix ans après Kyoto
Sénateur Ion SOLCANU
Président du Groupe interparlementaire roumain
Monsieur le/Madame la Président/e,
Mesdames et Messieurs,
Je suis honoré de prendre la parole devant une audience aussi distinguée et je saisis cette occasion pour remercier nos hôtes indonésiens, au nom de la délégation roumaine, de leur accueil chaleureux, en les félicitant pour la performance d’organiser dans des conditions excellentes les travaux de la 116e Assemblée de l’UIP, dans les très brefs délais dont ils ont disposé.
Chers collègues,
Les conséquences des changements climatiques sont présentes, plus ou moins visiblement, partout dans le monde. La Roumanie, elle aussi, lors des dernières années, a été ravagée par des phénomènes extrêmes: d’un coté, la sécheresse, de l’autre, des inondations de proportions historiques, avec des effets désastreux: des pertes de vies humaines, la destruction de localités entières, des milliers de gens sans abri, d’énormes dégâts économiques.
Les études de date récente ont des conclusions plus qu’inquiétantes. Elles confirment que la Roumanie se trouve parmi les zones européennes qui connaîtront, dans les futures décennies, des changements climatiques accentués, dont les conséquences principales seront : l'appauvrissement de la biodiversité, l’altération et la salinisation des sols, des inondations massives. En même temps, la hausse des températures estivales, doublée par le manque de précipitations, conduiront à une désertification progressive dans le sud-est du pays et à la détérioration de la qualité de l’eau potable.
Le cadre normatif national roumain pour ou ayant trait à la prévention, la réduction et le contrôle des émissions de polluants atmosphériques comprend des lois, des stratégies et des plans d’action portant sur la protection de l’atmosphère, l'efficacité énergétique, la valorisation des sources d’énergie renouvelables, ou bien la santé publique.
La Roumanie a signé la Convention - cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en 1992, à l’occasion du Sommet de la Terre, et l’a ratifiée deux ans plus tard. Aussi, de parmi les pays inclus dans la première annexe de la Convention, la Roumanie a-t-il été le premier à ratifier le Protocole de Kyoto, en 2001, en s’assumant ainsi l’obligation de réduire de 8% les émissions de gaz à effet de serre au cours de la période 2008-2012, par rapport à l’année 1989.
Pour ce qui est des mécanismes flexibles prévus par le Protocole, j’aimerais préciser qu’on a participé avec de bons résultats à des investissements de type mise en œuvre conjointe, déroulés, la plupart d’entre eux, au niveau des autorités locales. Ceux-ci ont visé, en priorité, la modernisation technologique des systèmes de chauffage centralisé, la production d’énergies propres, la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs de l’agriculture et des transports, le boisement ou le reboisement.
En vue d’assurer une approche cohérente dans la mise en pratique des engagements pris au plan international et de ceux découlant de l’adhésion à l’Union européenne, la Roumanie a adopté sa première Stratégie nationale sur les changements climatiques, pour la période 2005-2007, et un Plan d’action correspondant. Ceux-ci définissent les politiques et les priorités en la matière, mettent en évidence les bénéfices environnementaux et économiques de l’application des mécanismes flexibles et précisent les actions concrètes, leurs sources de financement et les institutions responsables pour la mise en oeuvre.
Les deux instruments sont harmonisés avec les politiques et la législation des autres secteurs économiques concernés, en particulier l’industrie et le secteur énergétique, en nous permettant ainsi de mieux focaliser et coordonner les efforts nationaux en vue de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de mettre au point des mesures d’adaptation aux divers effets possibles des changements climatiques.
Aussi, la Stratégie et le Plan sont-ils conçus comme des instruments dynamiques et seront actualisés avant la première période d’engagement prévue par le Protocole de Kyoto, afin de refléter les évolutions dans l’économie du pays et de répondre aux objectifs climatiques que l’Union européenne s’est fixés.
Il me semble important de souligner, dans ce contexte, le rôle clé joué par l’Union européenne dans la protection du climat à l’échelle mondiale, concrétisé récemment dans des engagements ambitieux visant à tempérer la vitesse de réchauffement, dont la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 20% à l’horizon de l’année 2020, par rapport à 1990.
Toutefois, de tels efforts, aussi ambitieux qu’ils soient, n’auront jamais l’impact escompté s’ils restent isolés.
Mesdames et Messieurs,
Les défis posés par les changements climatiques requièrent des mesures urgentes et une mobilisation rapide et résolue des forces, qui ne sauraient avoir du succès qu’avec un appui sur mesure de la part des parlementaires. Leur participation est tout à fait indispensable, surtout en ce qui concerne: le développement de la législation et son alignement aux instruments et engagements internationaux; l’intégration de la problématique des changements climatiques dans les politiques de développement durable; la coordination des parties prenantes au plan national, en attachant une attention particulière aux partenariats avec la société civile, le secteur privé, les milieux académiques, les médias; la sensibilisation, au niveau des collectivités locales et de la population, en général, à l’impact du réchauffement de la planète.
Nous saluons donc le choix de ce thème pour notre débat général et, par souci d’une approche plus structurée, nous considérons qu’il serait souhaitable d’en assurer dès que possible le suivi, au niveau de la Commission permanente du développement durable, du financement et du commerce.
Je vous remercie.