113ème Assemblée de l’Union interparlementaire

Deuxième Commission permanente -  Développement durable, financement et commerce

 Migrations et développement

 

 

Dragoº Petre DUMITRIU

Membre de la Chambre des Députés

Groupe roumain de l’Union interparlementaire

 

 

 

Monsieur le Président,

Chers collègues parlementaires,

 

 

La mondialisation a apporté des changements majeurs dans l’approche  traditionnelle des migrations. Celles-ci sont devenues un véritable instrument des stratégies et politiques économiques, sociales et culturelles, et doit être valorisé pleinement tant par les pays en développement, que par ceux développés.

 

Les recommandations du rapport intitulé Les Migrations dans un monde interconnecté : de nouvelles perspectives d’action, issu récemment par la Commission mondiale sur les migrations internationales, représentent autant de   lignes directrices pour l’action parlementaire, au niveau national, ainsi que dans le cadre de la coopération internationale.

 

Notre débat est donc très opportun et je félicite l’UIP de l’avoir organisé. Je félicite aussi les deux rapporteurs pour la qualité des documents qu’ils ont élaborés. Le Groupe roumain propose d’y ajouter une série de constats et de recommandations, dans le souci de mettre en relief, avec plus de force, des aspects tels que: les défis posés par féminisation croissante des migrations et par les migrations liées à la traite des femmes et des enfants; le potentiel des mouvements migratoires circulaires et transnationaux et la nécessité d’identifier les moyens optimaux pour son valorisation, surtout dans les pays d’origine; le rôle des parlements dans la coordination, au plan national, des activités gouvernementales relatives aux migrations, ainsi que dans la promotion de la tolérance, du respect et de la compréhension mutuelle entre les migrants et les sociétés hôtes; la bonne gouvernance, en tant que facteur essentiel pour maximiser les bénéfices des fonds envoyés par les travailleurs migrateurs.   

 

Le sujet des migrations revêt une importance particulière pour la Roumanie, surtout par rapport au processus d’intégration dans l’Union européenne, prévue pour 2007. En termes de flux migratoires internationaux, la Roumanie est considérée à présent un pays d’émigration, ayant comme trait dominant la migration de la main d’oeuvre. Avec un marché du travail moins intéressant pour les immigrants, la Roumanie est plus attrayante en ce qui concerne le transit vers des pays développés.   

 

Notre législation, qui vise à assimiler l’acquis communautaire dans les domaines de la libre circulation des personnes et, respectivement, de la justice et des affaires intérieures, comporte trois volets: la migration per se, le marché du travail et la reconnaissance mutuelle des diplômes et des qualifications professionnelles. De même, on a développé et révisé le cadre législatif portant sur le régime des étrangers en Roumanie (y compris par l’adoption, en 2004, d’une Stratégie nationale dans la matière), le régime des réfugiés et leur protection sociale, ainsi que sur la prévention et la répression de la traite des personnes.  

 

À présent, l’Organisation Internationale pour les Migrations déroule en Roumanie des programmes centrés sur les aspects humanitaires des migrations et sur la coopération technique en matière des politiques, de législation et de la gestion relatives aux migrations. Je pourrais mentionner aussi le projet-pilote pour combattre la discrimination contre les minorités ethniques et faciliter la réconciliation nationale, qui est organisé sous l’égide du Pacte de Stabilité pour l’Europe de Sud-Est, et qui vise à contrecarrer les flux migratoires non volontaires, entre les pays des Balkans, des groupes de personnes appartenant aux minorités ethniques.

 

Du point de vue du renforcement des capacités, plus précisément de l’expertise relative aux migrations, sous plusieurs aspects - politiques, assistance sociale, ressources humaines – l’on envisage une série de mesures, dont : l’intégration de l’étude des migrations dans les curricula universitaires; la création de facultés et de chaires d’études interdisciplinaires sur les phénomènes migratoires; l’établissement d’un centre national de recherche, en partenariat avec l’OIM le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, et autres organisations internationales.   

 

Pour conclure, il me semble important de souligner, en partant de l’expérience que nous avons acquise jusqu’à présent, que toute approche en matière de migrations - élaboration et adoption des lois, établissement des mécanismes institutionnels, développement et mise en œuvre des stratégies et des politiques - aura les résultats escomptés seulement à condition qu’elle jouisse d’une contribution substantielle de la part des organisations non gouvernementales, du secteur privé, des médias et des communautés locales. C’est la meilleure approche pour relier les dimensions législatives et institutionnelles des migrations à leurs enjeux économiques et socioculturels.

 

Je vous remercie.